«Le câble qui va relier Mayotte au reste de la toile en haut-débit est une continuité de celui déjà en place, qui relie Maurice à la Réunion et à Madagascar. Il s'agit du câble baptisé Lion (Lower Indian ocean network), réalisé par un consortium comprenant France Telecom, Mauritius Telecom, Orange Madagascar et une société kenyanne, Telkom Kenya.
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Mardi 01 Décembre 2009 L'actualité mahoraise
Le conseil général dévoile ses cartes
Devant le silence du conseil général sur tout ce qui concerne le haut-débit à Mayotte, on aurait pu penser qu'il se contentait de regarder le train passer. Faouzat Mli, directrice des systèmes d'information et de communication du Conseil général nous affirme qu'il n'en est rien.
«Nous n'avons pas jugé utile de communiquer sur ce thème alors qu'il n'y avait encore rien de concret », tient-elle à préciser pour expliquer ce silence. Il est vrai que depuis des années, les annonces n'ont pas manqué, mais les actes n'ont pas suivi, ni même les projets concrets. Il aura fallu attendre le mois de septembre 2010 pour avoir une date d'arrivée du haut-débit à Mayotte.
En août dernier, Faouzat Mli lançait un pavé dans la mare en lançant l'AMI (appel à manifestation d'intérêt). L'objectif était clair : obliger les opérateurs intéressés à se manifester et à faire des propositions concrètes et sortir des « effets d'annonce ». « Nous avons reçu quatre offres, dont certaines très détaillées, jusque dans le montage financier ». Elle ne nous en dira pas plus pour l'instant, les dossiers étant encore à l'étude. Les annonces faites par la préfecture et par France Telecom ont un peu court-circuité cet appel à projet, puisque les résultats de l'AMI ne seront connus que « d'ici une quinzaine de jours », mais ces annonces ne concernent que l'arrivée du câble sur l'île. La représentante du Conseil Général (CG) rappelle à ce propos que « il y a une ouverture de crédit, mais pas d'engagement ferme » de la part du CG de Mayotte.
« Nous n'écartons aucune hypothèse » tant au niveau du câble lui-même qu'au niveau de la distribution du haut-débit sur le territoire de Mayotte. Concernant le câble, il n'y a, pour l'instant, que deux options : Lion et Eassy. Le premier arrive de Madagascar à 400 km, le second arriverait par l'Union des Comores, dont l'île la plus proche, Anjouan, n'est qu'à 70 km, si le projet financé par la Chine se concrétise, ce dont semblait douter M. Smerecki, directeur de France Telecom Mayotte, lors de notre entretien. L'évolution de ce câble dont la construction a débuté est certes plus difficile à cerner puisqu'il met en jeu de nombreux pays de la région, ainsi que des institutions internationales comme le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), en plus des opérateurs privés, comme France Télécom, présente dans les deux projets. Le câble Lion repose en fait principalement sur France Télécom qui participe au capital de toutes les sociétés constituant le consortium.
En revanche, ce qui concerne la redistribution sur l'île fait partie des prérogatives du Conseil Général, puisqu'il s'agit d'aménagement du territoire. Et là non plus, rien n'est fait. Pour le Conseil Général, la possibilité d'accéder au haut-débit pour toute la population, même la plus reculée, est un impératif. « Nous craignons qu'une fois de plus, seul Kawéni soit desservi ». Or, sur le papier, il est évident que si l'on se contente d'un calcul de rentabilité financière, c'est effectivement le seul secteur pour lequel celle-ci est assurée. Mais pour Faouzat Mli, il peut s'agir là d'un mauvais calcul. « Qui en 1999, avant l'arrivée du portable, aurait dit qu'il allait connaître un tel succès? ». Et d'enfoncer le clou en ajoutant que « SFR, le premier opérateur sur Mayotte, ne s'en plaint pas! »
Faouzat Mli explique de cette desserte de tout le territoire est également motivée par la nécessité de désengorger la région de Mamoudzou en permettant aux entreprises de s'installer en dehors de cette zone tout en bénéficiant des mêmes infrastructures.
Ce que le CG veut obtenir des opérateurs c'est « qu'on nous dise quand la population de Mayotte, toute la population, doit pouvoir y accéder ».
Un autre souci du CG, c'est « d'éviter l'effet de monopole ». Faisant allusion à la desserte aérienne de Mayotte, elle ajoute que « ce que nous voulons éviter, c'est de répéter les erreurs du passé ». Si le projet Lion est retenu, France Télécom maîtrisera le câble, mais également la desserte en haut-débit de toute l'île pour peu qu'on se contente de l'Adsl, puisque l'Adsl empruntera les installations du téléphone fixe déjà en place. Sans concurrence, les coûts pour l'utilisateur ont toutes les chances d'être élevés. « Notre souci, c'est la tarification » nous dit à ce propos Faouzat Mli. La promesse faite par France Telecom d'appliquer une tarification « proche de celle pratiquée dans les autres Dom » est rendue beaucoup plus floue quand elle ajoute que des différences pourront malgré tout apparaître « en fonction des contenus ».
Faire le point sur les infrastructures existantes
L'un des projets au niveau du Conseil Général, c'est l'inventaire des infrastructures déjà en place, permettant de desservir le territoire. « En partenariat avec la préfecture, nous allons réaliser une cartographie de la couverture des réseaux de communication pour éviter la redondance ». Il s'agirait donc de partir sur un projet global dès le début. Pour cela, le CG « souhaiterait un schéma d'aménagement numérique ».
La technique qui sera utilisée pour cette desserte n'est pas encore arrêtée. « On pense à la fibre optique, mais nous n'avons pas compétence pour concurrencer le privé ». Le nord de Mayotte est déjà en partie équipée en fibre optique par France Télécom pour la téléphonie fixe.
Mais il existe également d'autres options, comme le Wimax, cette technique qui utilise une liaison hertzienne donc sans fil. Le Wimax permet une couverture de quelques dizaines de kilomètres carrés à un débit de plusieurs dizaines de megabits par seconde. « Nous avons la chance d'avoir une petite île » où les villages sont très proches les uns des autres. « La couverture en Wimax pourrait donc aller vite » nous dit Faouzat Mli.
Pour la partie Sud de Mayotte où la fibre n'est pas installée, le haut-débit devrait utiliser les installations traditionnelles en fil de cuivre, déjà en place. La qualité de ce réseau ne peut pas assurer d'une bonne connexion en Adsl. Il faudra donc faire un choix dans l'équipement, fibre optique ou Wimax. « Il faut qu'on investisse pour trouver d'autres solutions que le cuivre ». En prévision de l'arrivée du haut-débit, à chaque fois que des travaux seront engagés pour faire passer des canalisations, « nous pensons faire passer des fourreaux à partir de 2010, permettant de prendre de l'avance ». Ces fourreaux pourront être utilisés le temps venu pour faire passer la fibre optique sans avoir à faire de nouvelles tranchées.
Un comité de pilotage va être mis en place regroupant les principaux utilisateurs potentiels de haut-débit : CCI (Chambre de Commerce), CHM (Centre hospitalier), Vice-rectorat et tous les services publics. Ce comité sera chargé de faire l'inventaire de l'existant.
« Il faut également prendre en compte les utilisations liées au tourisme », notamment dans le sud de Mayotte où il existe de nombreux projets touristiques.
Les communes
Les communes sont également un acteur important. Des cyberbases ont déjà été installées dans six communes, en bas débit, pour l'instant. Ce projet a pour objectif de permettre à la population et aux jeunes en particulier, de faire connaissance avec l'outil internet. Le projet comportait 18 cyberbases, une par commune, plus une à la BCP (Bibliothèque centrale de prêt). Malheureusement, ce prjet a été stoppé, faute de crédits. Faouzat Mli regrette les « difficultés des mairies à adhérer à ces projets ». Elles ont pour obligation de créer une association et un site pour accueillir la structure. « Les mairies manquent de moyens pour financer le salaire de l'animateur de la cycberbase ». En l'absence de fiscalité, les communes ont en effet peu de moyens propres.
Cependant, jusqu'à ce que des mesures soient prises afin de réduire leur masse salariale imposées par la CTC (Cour territoriale des comptes), les communes disposent de la possibilité de créer 20 emplois « sociaux » pour pallier l'absence de minimas sociaux.
L'arrivée du haut-débit à Mayotte s'articule donc autour de trois acteurs : le Conseil Général et les services de l'état (préfecture) pour ce qui concerne les infrastructures, et les entreprises privées pour l'exploitation.
Source: Eric Trannois / Malango Mayotte
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